Salut Oazar,
Si je pose la question de savoir s'il est un pn, c'est que dans ces circonstances, j'arriverais à éprouver de la compassion pour lui - j'en suis certaine, elle n'est pas loin, je peux la ressentir assez régulièrement puis la colère et le sentiment d'injustice reprennent le dessus - car PN ou pas de toutes façons il est un homme très perturbé, et à lâcher mes attentes le concernant : attente de reconnaissance, oui, très clairement. Qu'il reconnaisse ce que j'ai fait pour lui, et le tort qu'il m'a causé par son attitude, même si ce n'était pas intentionnel, pas "contre moi", j'en suis aussi persuadée
Pourquoi veux-tu absolument avoir de la compassion pour lui ?
La compassion, comme le pardon, ne sont pas des choses "additives" que l'on ajoute en soi par la volonté.
Ce sont des états intérieurs qui résultent de la purification des émotions, quand les émotions sont sorties, en conscience, pleinement, alors cet état de paix peut s'installer.
La compassion si tu connais les enseignements bouddhistes est simplement le fait de vouloir pour l'autre qu'il se libère de sa souffrance. Cela n'implique pas forcément ni la gentillesse à tout prix, ni l'absence de fermeté, ni le fait de faire passer l'autre avant soi ou de ne pas vouloir le blesser à tout prix.
A mon sens tu fais fausse route en essayant par la volonté d'élever les choses à la compassion alors que tu as toutes ces émotions en toi encore.
Par ailleurs, la compassion commence par toi-même. Il t'a blessée, tu es blessée, ben commence par toi, avant de commencer par lui.
Il est possible aussi qu'il y ait une difficulté inhérente à ton parcours avec ton père, et aussi à ce genre de situation.
Il t'humilie, et il t'humilie encore plus en portant ce regard méprisant sur "les pauvres folles pleines de souffrance" que sont ses ex.
D'une certaine façon, non seulement tu as une blessure d'humiliation mais en plus tu es humiliée d'être humiliée si je peux dire.
Bref, c'est un cercle sans fin, qui est lié à son regard sur toi.
Il y aune histoire de de se détacher de son regard, je dis pas que c'est facile, mais c'est possible, notamment par l'acceptation des émotions et le fait d'accepter en totalité ce qui se passe.
L'humiliation est un cercle sans fin bien souvent. C'est ce truc où quelqu'un te rabaisse, et quand tu es en larmes ou en colère de manière légitime à cause de ça, la personne va continuer à te rabaisser encore en prenant pour "preuve" ta réaction face à l'humiliation.
Je pense que tu vois ce que je veux dire, ça correspond exactement à ce qu etu as décrit de son attitude avec toi.
Le truc par rapport à ça, c'est d'arriver à tenir bon intérieurement, c'est à dire de voir clairement avec discernement la première humiliation, et de pouvoir tenir ferme face à l'autre sans reculer justement, c'est à dire en ne se laissant pas humilier encore et encore sur la base de ce cercle sans fin.
Il y a une histoire de confiance en soi et d'accepter que l'on puisse être "faible", et là ça touche ton parcours.
Par certaines de ses attitudes il a dû toucher en toi le truc viscéral qui se sent déjà humilié à la base de ne pas être forte. Tu te le dis certainement déjà à toi-même plus ou moins consciemment. Si lui en plus appuie là-dessus, c'est évidemment insupportablement douloureux, parce qu'alors tu n'en finis plus de te mettre à genoux intérieurement, et de tomber dans un sentiment de honte et d'humiliation.
Ca finit par être la honte de la honte de la honte de la honte, enfin tu vois quoi. Ca ne s'arrête plus.
Le truc peut-être à reconnaître et à trouver c'est que le sentiment d'humiliation, la colère qui en résulte, tout cela est légitime, et personne n'a à t'humilier encore plus quand tu réagis à une humiliation. Etre blessé d'avoir été humilié c'est légitime, c'est normal, c'est pas une tare ou une preuve de faiblesse.
Là c'est un peu comme si dans son attitude il te renvoyait l'obligation de rester droite, forte, invincible, même face à des comportements dégradants. On se croirait à l'armée !!!!!!!!!
Soldat, garde à vous, je vais te traîner par terre dans la boue et tu vas pas pleurer parce que t'es un homme un vrai, et pas une fillette.
Ben merde, tu es pas un soldat Oazar, tu es une femme, avec une sensibilité, et PERSONNE sur terre n'aime être humilié, tout simplement parce que ça n'a pas lieu d'être et que ce n'est pas juste.
Et c'est de la connerie de demander à quelqu'un d'encaisser des humiliations en serrant les dents juste pour "ne pas être une femmelette".
Et surtout pour ne pas trop déranger celui qui humilie, parce qu'il a pas tellement envie en face d'avoir le retour et les conséquences de ses actions.
Parce que tout au fond de soi, qui que l'on soit, on sait toujours quand on agit "mal", on le sait et on essaye de fuir ça en général, de manière plus ou moins intense et violente vis à vis des autres selon le degré que l'on a de maîtrise de soi-même, et aussi la profondeur de ses propres blessures.
Reconnaître que l'on a blessé quelqu'un, c'est une des choses les plus difficiles du monde. Parce que quand on le fait, on se rend compte qu'on s'est blessé soi-même aussi, lorsque l'on blesse quelqu'un, on se fait mal à soi, et quand on s'ouvre à reconnaître que l'on a blessé quelqu'un, alors on se prend en plein sa propre blessure, ça fait mal de reconnaître qu'on a fait du mal, et pas seulement à l'ego.
Je ne te dis pas ça pour que tu aies pitié de lui ou que tu te dises que tu n'as pas le droit qu'on reconnaisse qu'on t'a fait du mal. Je te dis ça pour que tu comprennes notamment qu'il y a très très peu de chances qu'il reconnaisse qu'il t'a blessé. Regarde autour de toi, c'est très rare ce genre de choses. Combien de fois dans ta vie as-tu pu dire à une personne : j'ai été blessée par cette attitude de ta part. Et que cette personne t'a dit : je suis désolé, je reconnais que j'ai été blessant, je m'excuse. (et cela sans aucune justification ni se trouver des excuses ni rien -> c'est à dire de véritables excuses sincères, où l'on se regarde juste dans une glace et où on peut dire à l'autre : oui j'ai merdé grave, je t'ai fait du mal, et j'en suis réellement désolé).
Tu vois souvent ce genre de scène autour de toi ? même pour des petits trucs anodins ?
Là tu touches à beaucoup plus gros, à des comportements de fond, répétés qui plus est, et c'est une question à la fois de bon sens et aussi de survie personnelle, la tienne, de te détacher de ce besoin qu'il reconnaisse tes blessures provoquées par son attitude. Et ceci qu'il soit un PN ou non, peu importe l'étiquette.
Et pour se libérer de ça, ben là encore ça passe par l'acceptation des émotions, oui c'est douloureux quand quelqu'un nous a blessé et ne se retourne même pas pour regarder ce qu'il a causé, c'est très douloureux, c'est comme avoir pris un coup d'épée et avoir été abandonné tout seul avec sa blessure.
Mais le truc c'est de détacher ce lien victime-bourreau justement.
Si tu reprends l'image de ce coup d'épée, ben tu vois très vite que dans ce cas tu vas faire quoi ? tu vas certainement pas appeler ton bourreau pour te guérir, au contraire même, parce que dans une configuration comme ça très basique, tu auras probablement peur de cette personne et tu auras raison, donc tu chercheras plutôt à l'éloigner de toi, et à te faire aider par d'autres en qui tu as confiance.
Pourquoi dans une situation psychologique comme celle qu etu vis, il n'y a pas cette réaction instinctive et naturelle qui est de fuir son agresseur, et d'aller se guérir par soi-même ou auprès d'autres personnes réellement aidantes ?
Parce que ça touche à des besoins et des manques.
Et là en l'occurrence sans doute à l'histoire avec ton père. Et peut-être des projections liées à ça, l'idée par exemple que il t'aime forcément assez pour revenir à un moment faire ce qu'il faut pour reconnaître ses attitudes blessantes, etc etc.
Mais ce mec n'est pas ton père. Et il faut probablement trouver le moyen de détacher les deux histoires pour agir avec discernement avec cet homme.
Ce pardon que je cherche, est sans doute autant pardonner ceux qui m'ont trompée et blessée, que me pardonner de n'avoir pas su me l'éviter alors que j'en avais les moyens à la base.
Ben, par rapport à cet homme-là, qu'est-ce qui a fait que tu ne t'es pas écoutée ? quel est le fil, ou les fils, qui t'ont attachée à lui au détriment de tes signaux d'alarme ?
Confronter mon père sur sa trahison (ce que je ressens comme tel) est-il la juste attitude pour dénouer ce qui m'étouffe et avancer vers la libération de ces vieilles souffrances ?
Non manifestement ça ne sert à rien et ça t'égarerait.
Quand je te posais la question de l'affrontement avec ton père c'était plutôt dans le présent en fait, dans ses attitudes, est-ce que quand il a une attitude qui te blesse tu peut poser des limites réelles et bien claires, sereinement mais fermement ?
quelquepart je me sens vraiment nulle d'en être encore de là, de n'avoir pas été capable de tirer un trait là-dessus. Et puis se plaindre, ce n'est pas bien, hein, c'est pour les faibles !
ouais voilà

t'as fait la question et la réponse...
auto-humiliation, par rapport au fait que tu es blessée encore aujourd'hui.
oui, mais une blessure non guérie ne disparait pas par magie ni par décision.
si je reprends l'exemple des militaires, ben tu pourras bien dire à quelqu'un d'encaisser les coups, d'ignorer ses blessures etc etc, ouais ok, il va tenir un temps, peut-être longtemps s'il s'appelle rambo.
et puis à force de blessures accumulées que personne n'a pris le temps de regarder et de guérir, ben il finira par mourir sous le poids de tout ça.
c'est juste une image évidemment.
je veux simplement te dire qu'une blessure non guérie c'est une blessure non guérie, c'est tout.
transpose le truc à une blessure physique et tu verras que tu peux en avoir une vision beaucoup plus calme et non jugeante de toi-même.
s'il y a vingt ans tu as été blessée à la jambe profondément, et que ça n'a pas été guéri, tu vas te sentir nulle vingt ans après d'avoir encore mal à ta jambe ?
c'est la même chose ici. c'est juste plus difficile à voir parce que dessus se mêlent justement d'autres blessures liées au fait de devoir être forte etc.
la vie c'est pas l'armée.
ce qui a un sens dans un certain environnement, militaire, pour x raisons, dont on se fout ici parce qu'on est pas là pour discuter du bien fondé des méthodes militaires, ce qui a un sens dans cet environnement selon certaines règles et certains codes, n'en a pas forcément dans la vie, et dans d'autres environnements.
Pour finir, je crois que là il faudrait reprendre les choses au départ, simplement.
Ce mec t'a blessée, profondément.
Voilà, ça c'est le constat duquel il faut repartir.
Comment t'at-t-il blessé ? que reste-t-il de ces blessures en toi aujourd'hui ?
Et bosser là-dessus pour les guérir, toi, et avec d'autres aides que la sienne.
Tu ne peux pas guérir tant que tu ravives la blessure sans arrêt en souffrant de sa non reconnaissance, son ignorance à ton égard etc.
Tu n'es pas dans les bonnes conditions pour ça. Parce que ça ne fait que remuer le couteau dans la plaie, sans arrêt.
Pourquoi est-ce que tu ne t'éloignes pas de lui pour un certain temps ? ne plus le voir, ne plus être en contact avec lui, ne plus entendre parler de lui même s'il faut ?
Pourquoi t'obliges-tu à revivre encore et encore cela ?
Tu as peur de paraître faible et d'être humiliée encore si tu t'éloignes simplement ? parce que ça voudra dire que tu es blessée et donc qu'il a eu le pouvoir de te blesser ? tu as peur de son jugement et son regard si tu lui disais simplement que tu ne supportes pas sa présence parce que ça te blesse ? ou même si tu partais sans rien expliquer ?
Pourquoi vis-tu une situation qui ravive la blessure et l'empêche de guérir ? peut-être la question de fond est là. Je ne sais pas, c'est juste une piste, à voir si ça te parle.
"Avoir le coeur aussi grand qu'une église, dans laquelle l'agitation et les pleurs d'un enfant résonnent sans en troubler la paix"