Cher Promeneur,
Les pieds m'en tombent comme tu le dis, ou mieux, j'en tombe par terre! Si j'ai maintenu le vouvoiement, ce n'était que pour mieux marquer mon respect. Mais après tout, malgré la distance, l'anonymat, et cet écran de pixels qui devient notre zinc de café, tu me vois. Il y a tellement de choses que je vais suivre le fil de tes commentaires.
le promeneur a écrit:C'est d'ailleurs très très étrange .. j'ai beaucoup d'empathie naturelle, comme toi , et là je ne sais plus si c'est moi qui t'éclaire ou toi qui me mène là où tu veux aller et où tu sais très bien que tu m'emmènes (parce que je te soupçonne d'interprèter très bien les tarots ) .. Donc on y va .. ca c'est clair ! mais je pense que c'est toi qui mène la danse, parce qu'à chaque fois dans tes mots il y a un mot précis que je retrouve dans tes tirages et qui me percute .. là ca va être le mot "BOUC-EMISSAIRE"
Bien entendu, le mot bouc-émissaire n'est pas anodin. Il est littéralement figuré dans l'arcane du Diable, mais encore il est au fondement de toute vie communautaire. C'est une nécessité intemporelle que celle du bouc-émissaire. Un être, une chose à qui confier tous les maux, même ceux qui ne lui sont pas imputables, pour s'en laver. Si l'on n'a pas de bouc émissaire à qui faire porter toutes les responsabilités, alors on est tous coupables. Donc divisés. C'est le principe du "un pour tous".
Maintenant pour ce qui est ma situation personnelle, j'ai toujours dû sacrifier ma différence. Et j'ai toujours été mise en quelque sorte en sacrifice du fait de ma différence. Voilà ma petite enfance, voilà ma vie jusqu'à mes 22 ans. C'est vague, mais vrai. Je pourrais me laisser aller au petit récit de toutes les misères qu'on m'a fait subir, parce que j'étais surdouée, hyperactive, seule, mais ce serait faire grâce aux démons du passé qui s'en font une ripaille, et bien pire: insulte à tous les écorchés qui se traînent sur cette vieille terre.
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le promeneur a écrit:L'empereur c'est l'énergie émergée de la terre, de la matière et toi tu tires plutôt ton énergie de l'air, de l'éther..
le promeneur a écrit:L'impératrice prend sa place intellectuellement et l'empereur lui montre sa présence (c'est peut être les deux parties qui sont en toi ca.. peut être ce que tu as à faire maintenant que tu as fini justement ton rôle d'impératrice et que tu es en attente de devenir empereur .. )
Là, tu me donnes une autre clef.
Je me rends compte à l'instant combien je suis prisonnière du rôle de l'Impératrice, après en avoir recueilli tous les hommages. Il est temps que je m'ouvre à d'autres interprétations. L'Impératrice est le Verbe ou plutôt l'Expression qui m'a sauvée; j'ai pu dépasser ma condition par les Lettres, les arts, les études. Je sais également qu'elle a trait à la beauté, le charisme ( mais charisme façon "poudre aux yeux" quand celui du Pape est spirituel/intellectuel). S'il est vrai que je me suis toujours battue pour qu'on me considère pour mes idées - et crois-moi c'est un combat entier et sincère de toute ma petite vie- mon minois m'a toujours aidé. Mon apparence fait autorité.
Tiens, anecdote significative, le chiffre trois, avec le cinq (le Pape) qui vient souvent du quatorze (la Tempérance) sont en excès dans ma carte d'identité numérologique, d'après un type que je suis allée consulter un peu par hasard, en errant dans une petite rue il y a des années de cela. Or, le chiffre quatre (L'Empereur) en est au contraire totalement absent. Peu importe de savoir si cela est recevable, je vérifie chaque jour ces déséquilibres. J'ai en horreur le quatre, et pourtant, il semble qu'il faille que je me réconcilie avec.
Le fait d'évoquer l'éther me rappelle un conseil qu'on ne cesse de me répéter de toutes parts depuis que je touche à l'énergétique: "ancre-toi!". Je suis toujours en train de flotter entre ciel et terre paraît-il, portée au gré des bons et mauvais vents. J'avoue qu'il a fallu qu'on me martèle de ce constat pour m'en rendre compte. Peut être est-ce aussi l'indice que me désigne l'Empereur: ancre-toi pour ne pas choper tout le marasme ambiant (dans des phases d'hypersensibilité, je suis mitraillée d'idées et d'images qui ne m'appartiennent pas, mes mains gonflent s'il se trouve dans les parages une personne souffrante, et avant que je ne parvienne à le maîtriser, j'étais en proie à l'écriture automatique).
Aussi, il faut que je me mette sérieusement à considérer ce bonhomme à la barbe raidie.
le promeneur a écrit:on dirait que tu as encore pas mal de boulot sur ton chemin pour arriver au .. Monde .. J'ai l'impression que c'est de ton parcours en fait que l'on parle là ..
Dans ce cas, je suis vraiment loin du but...mais parfois un petit pas de fait en vaut cent.
le promeneur a écrit:1er tirage : Attente d'indépendance et troubles : rapport entre les 2?
Cette indépendance va arriver .. peut être encore causer un éloignement ? (changement d'endroit)
Alors pour expliquer cette question qui, dans son contexte, semble saugrenue: j'ai remarqué que mes crises sont souvent dues à la nécessité de demander une aide financière à l'un de mes deux parents. Je ne suis pas bien vieille, je sors des études, et je suis toujours dépendante d'eux matériellement. Or, l'idée de leur être redevable de quoi que ce soit m'a toujours rendue malade, si bien que j'ai commencé à travailler à 12 ans en parallèle de l'école. J'y mettais tellement de zèle que je gagnais gros, et ainsi pouvais-je fièrement me payer mes livres et cahiers, mes habits et mes babioles. Ajoute à cela le fait que mon père - très riche- a toujours fait de l'argent un substitut d'affection. Si on allait le voir, on avait chacun son paquet de céréales (ce qui était pour mon frère, ma soeur et moi-même le signe le plus sûr de l'opulence), des bidules à souhait, le monde à l'envi. Et à côté de cela, nous vivions dans le rouge permanent avec notre mère où c'était tous les jours pâtes au beurre. Le manque d'argent la tracassait tellement qu'il n'était pas une de ses paroles, ou gestes qui pleure pas la nécessité. C'est pourquoi l'argent pour moi est, je crois, similaire à la nourriture: d'un côté trop (boulimie), de l'autre pas du tout (anorexie). Je veux qu'ils ne soient jamais une fin en soi.
Donc, ce contrat m'importe en ce qu'il me permettrait d'atteindre enfin à une indépendance financière. Je me sens indépendante intellectuellement depuis des années vis-à-vis de leurs valeurs, mais asservie matériellement du fait de la longueur de mes études et de l'impossibilité de travailler en parallèle etc etc.
Tu parles d'éloignement, je suis déjà loin d'eux. Même si "où qu'on aille on s'emporte avec soi" disait Sénèque (c'est aussi ce que dit le Mat, n'est-ce pas?) je crois qu'un océan, c'est assez large pour rompre certaines chaînes. La question actuelle est de rester dans ce pays lointain par le biais de ce contrat qui m'y est proposé.
le promeneur a écrit:On voit que votre caractère fort est présent dans votre vie professionnelle également .. qu'il y a une forme de domination aussi par le pouvoir et l'argent"
Vrai et vrai. Ce Diable qui est partout, c'est peut être aussi cette ville où je me trouve, qui berce et allaite un gros bébé appelé Money. C'est une souffrance et à la foi un défi pour moi que d'évoluer dans un milieu où l'art n'est plus qu'une valeur "bankable". Quand va venir l'heure de soumettre mes projets, je vais devoir traiter avec ces hommes ventripotents qui décident de ce qui est beau et de ce qui est bien. Mais jamais je ne leur vendrai quoi que ce soit. Un jour j'ai rencontré un homme assez bien assis dans la production artistique. Il m'a invitée à boire un verre, et après une longue conversation où il a eu le loisir de soupeser mon cerveau, il m'a dit de son sourire liquide: " Vous savez mademoiselle, vous avez de la suite dans les idées, vous êtes charmante, mais vous n'avez pas de nom. Alors si vous voulez réussir, vous savez ce qui vous reste à faire". Rage terrible, l'injustice de mon ****. Je lui ai répondu comme on cèle un vœu: "vous entendrez parler de moi mon cher Monsieur, et jamais, au grand jamais, ce ne sera autrement que par mes idées."
J'ai donc décidé de me jeter sous la gueule du loup pour mieux le prendre par les oreilles.
"Vous préfèrez renoncer si ce n'est pas conforme à vos aspirations .. donc une perpétuelle remise en question .. parce que le don de vous même est essentiel à vos yeux .. et c'est là que les tarots parlent de BOUC EMISSAIRE (le mot exact) lune pendu.. sacrifiée et isolée .. et ce bouc émissaire en fait c'est vous pour vous ..vous êtes votre propre bouc émissaire .. une partie qui en vous vous dit c'est bien tu es la meilleure, et l'autre partie qui vous dit non c'est pas bien, tu ne donnes pas assez ...
Bingo. Je fonce avec fougue toujours vers le précipice du doute. Je suis l'orgueil et l'humilité tout à la fois. Je sens un potentiel fou en moi, et je me condamne à la stérilité. Crois-moi, j'ai peur de briller.
Souvent, je me fais passer pour stupide afin de ne pas faire de l'ombre à mes collègues. Dit comme ça, je passe pour prétentieuse, mais c'est sincère. Je ne suis pas encore immunisée contre la jalousie (parce que subsiste ce niais besoin d'être aimée de tous), aussi j'essaie d'éviter (en vain) cette chienne qui rôde partout, quitte à me "sacrifier". Mais le sacrifice va plus loin que le simple petit domaine de l'ego pour moi, il doit atteindre la pureté. C'est le désintéressement kantien que je me mets en perspective, cet acte de pur altruisme où il n'est plus question d'une once de gratification personnelle. Car il faut qu'on se le dise, de même que la culpabilité, le sacrifice est gratifiant: on se sent quelqu'un de bien à genoux. Mais il n'est pas un don, il reste un fardeau.
Donc pareil, j'en assez. Jamais je ne pourrai donner de manière désintéressée, si avant je ne me suis pas servie un peu. Jamais je ne pourrai aimer , si je n'ai pas un peu reçu d'amour.
le promeneur a écrit:Et le Mât pourrait alors reprendre sa route , lui sans son ombre (nombre) mais l'ombre toujours présente mais juste satisfaite provisoirement .. jusqu'au prochain .. défi !
le promeneur a écrit:Oui , pendant un temps, jusqu'à ce que votre EGO TYRANNIQUE ne s'en satisfasse plus et qu'il vous force à vous remettre encore en quête pour le nourrir plus ... Vous êtes en attente de ce contrat comme une récompense à votre égo .. une libération , pour que l'autre partie de vous puisse être en paix pour un moment ..
Je le pense aussi, et c'est tant mieux. Rien de pire que de se satisfaire d'eau quand on n'a pas goûté le vin.
le promeneur a écrit:Elle vous fait peur la lune ? Alors pourquoi foncez vous toujours droit dessus ? Elle vous évoque quoi là lune ?
Oh là...ce serait long long à détailler tout ça. Je dirai que depuis deux ans, depuis que je lâche mon mental et reviens à l'intuition, la lune m'est redevenue une alliée. Avant cela, elle incarnait trop souvent le danger des illusions, cette vie que je rêvais plus que je ne vivais (pour te paraphraser). La lune, c'est aussi la féminité qu'il faut assumer; l'invisible qu'il faut percer, la soumission à l'inexorable répétition (les lunaisons, les cycles menstruels, les besoins de base: eau, nourriture, sommeil, etc.) qui nous rappelle que nous sommes mortels. Sa lumière tient du soleil, comme notre vie tient de Dieu (le "Dieu" philosophique s'entend, c'est-à-dire le Principe, la Cause de toutes les causes). D'ailleurs ce soir elle est pleine. C'est le moment de faire un vœu
le promeneur a écrit:Le soleil : nourrit par son rayonnement , se nourrit et nourrit l'égo .. (2 en 1) c'est le miroir de soi .. la force intérieure et la force extérieure, logiquement ils s'entraident mais dans votre cas ils se combattent.. ils luttent .. s'affrontent et rivalisent .. dans le soleil on se suffit à soi même .. mais on est seule...
Qu'entends-tu par "mais on est seule"? Voulais-tu dire: mais lorsqu'on est seule...?
Si oui, je dis encore oui. Je suis seule, très seule, longtemps par besoin et par dépit (car je n'ai rien trouvé qui complète tout à fait mon incomplétude). Maintenant, je sens de plus en plus fort la présence d'une autre moitié; comme si je m'en rapprochais.
le promeneur a écrit:La sagesse et la maîtrise voila ce qu'il vous faut retrouver ..
Une séparation entre intérieur et extérieur (force et roue) une accélération à faire .. retrouver son axe .. se rassembler , s'adoucir ... et cette séparation acceptée et ce retour à une unicité retrouvée va remettre en place l'alimentation et faire cesser les troubles .. (puisqu'ils n'auront plus raison d'être)
Ainsi soit-il! Le mot maîtrise me parle particulièrement, et j'ai envie de lui substituer le mot "mesure". Maintenant que j'ai bien valsé entre les extrêmes, je sens l'attraction du juste milieu. Mais seule ma volonté peut m'y porter. Et ce n'est pas facile que d'avoir de la volonté...
Si je continue à me raconter sur ce forum cher Promeneur, je vais souffrir d'en savoir si peu sur vous. Mais c'est le jeu. Est-ce que ce supplément d'info vous aide dans vos interprétations? Suscite-t-il d'autres questions?
Moi aussi, j'ai beaucoup de plaisir à vous lire et vous écrire.
à la prochaine, j'espère