Vous lire, comme vous lisez en moi est désormais une habitude à laquelle je ne sacrifie rien ou peu. Si je ne réponds pas c'est que soit je suis au boulot, soit je suis en pleine cogitation métaphysico-existentielle, soit je dors.
Alors merci à vous, mes compagnons de route, Eirelle et Promeneur, et merci à vous Sisi qui (inter)venez à ce carrefour avec un tout aussi important message! Je suis profondément touchée par vos témoignages de soutien et d'affection qui accompagnent vos interprétations. Je ne savais pas que de tels liens pouvaient ainsi se créer à travers un écran de pixels, là où l'on redoute l'anéantissement de l'humain.
Il y a tellement à dire que je vais commencer avec les messages plus anciens.
Eirelle a écrit:Tes rêves HP sont hyper symboliques puisqu'ils prennent en compte justement l'architecture de ton intelligence. Je suis sùre qu'un deuxième degré, troisième voire quatrième ne tiendrait pas deux secondes face à ton conscient... Alors comme toi, ton inconscient prend de suite une très belle plume.
Eirelle a écrit:Le promeneur : les traducteurs de rêves font attention aux jeux de mots c'est sùr, et le langage des oiseaux cher à Salomé peut aider à leur lecture... C'est une piste très très plausible...
Et j'ai surtout réagi à l'armoire vide, mais ce doit être une réaction instinctive, toute personnelle. Larmes de voir le vide... que j'ai trouvé très poétique.
Je dois avouer qu'une part en moi tantôt résiste (comment ça un système de codes? Je ne suis pas aussi futée!) ou tantôt succombe à la stupeur (ah bon).Eirelle, vos instincts vous ont encore une fois bien guidée, car c'est la formule: "larmes de voir le vide" qui m'a moi aussi sur-prise. Ce trou béant que je sens au niveau de mon estomac, insatiable, n'est que la manifestation de mon angoisse du néant. Mais de tous vos messages, le langage des oiseaux est peut être ce qui me "parle" le moins. Promeneur, ne m'en veux pas! La justesse de tes lectures est si stupéfiante que je te promets de ne pas écarter cette piste.
Pour en revenir au "langage intelligent" de mes songes, je dirai que si j'accepte de croire que ces symboles ont un sens pour moi, quand bien même Caroline les ignore (ou les a oubliés), c'est parce que, enfant, ce monde de signes était déjà là et même plus présent qu'aujourd'hui. J'avais même des pratiques qu'on pourrait désigner comme "magiques" mais que j'accomplissais de manière totalement intuitive (notamment des invocations à la lune; des dessins de symboles, etc.). Autre chose, si je veux bien croire qu'une partie de moi "sait" plus, c'est aussi parce qu'il me suffisait d'une photo, ou d'un mot pour déduire tout un savoir alors que je ne connaissais pas ou si peu. Ça m'est souvent arrivé avec des romans (classiques, du passé) que j'ouvrais à peine et dont je déduisais l'histoire et le dénouement. Un exemple frappant puisqu'il me revient tout de go (et je dois avouer qu'il me comble d'une joie très savoureuse). Je devais écrire un texte à partir d'une photo pour un exercice d'école. Or c'est la photo d'Hitler que j'avais choisie sans savoir à l'époque de qui il s'agissait (je sais que tout ce que je savais, c'est qu'il avait tué beaucoup de gens, et à ce stade de ma scolarité je n'avais appris en histoire que les Rois de France jusqu'à Napoléon...). J'avais 11-12 ans. Je me revois avec cette image que j'avais imprimée à partir du logiciel Encarta, la regardant puis rédigeant sur ma feuille de papier mon texte avec une spontanéité (qui aujourd'hui me semble inouïe car perdue) ou plutôt une évidence indiscutable. Le portrait de l'homme (ou plutôt son âme) que j'ai dressé s'est avéré si juste et précis que le jour du rendu des copies, mon professeur de français est descendu de son estrade dès le début du cours, s'est approché de moi dans un silence si lourd que la pièce semblait insonorisée. Là il a sorti ma copie de sa serviette, me l'a tendue d'un geste militaire et tout en m'observant très attentivement, d'une voix très grave il m'a demandé: "C'est toi Caroline qui a écrit ce texte?".
Je sais qu'il n'a pas douté une seconde de ma réponse, je sais qu'il n'a même pas tout à fait douté car j'avais déjà ici et là manifesté quelques facilités qui m'ont valu sa protection (sans le regard bienveillant de cet homme durant mes années collège, je serai sans doute perdue à l'heure où je vous écris), je sais aussi que sa froideur légendaire était le signe d'une grande sagesse, et que cette mise en scène au petit matin devant la classe était le plus beau don qu'il pouvait me faire: me mettre au centre de toute l'attention et dire: moi je te reconnais.
C'est pourquoi il a convoqué ma mère: non pas pour m'accuser de tricherie, mais pour lui dire: votre fille, vous devriez lui accorder plus d'attention. Et ma mère a extraordinairement retenu la leçon: la bête sauvage qu'elle voyait en moi grâce au regard de cet homme s'est transformée tout à coup en petit prodige. Et pour la première fois de ma vie, elle est revenue à la maison et a fait tourner ma copie à l'heure de l'apéro.
Assez de récits digressifs! Croyez en tout cas, que ce faisant, je me révèle à moi-même. J'avais oublié tout ça.
le promeneur a écrit:En fait, la nuit, je sens qu'on me réveille , qu'on attire mon attention sur des choses importantes, me précisant bien qu'elles sont importantes et que je dois absolument m'en souvenir, on me demande si je vais bien m'en rappeler, j'acquiesse.. et le matin c'est le trou noir, le trou le plus complet .. à mon grand désespoir ... C'est grave docteur R.L. ?
Oui, c'est grave docteur Eirelle?
le promeneur a écrit:La reine des abeilles est parti un peu d'une allusion que j'avais faite .. et puis ce post est vite devenu très interressant .. je vous y attends d'ailleurs avec plaisir , quand vous le voudrez ..
À l'occasion faites tourner car je ne sais pas de quel post il est question!
le promeneur a écrit: Ne te referme pas .. ni sur ton passé, ni sur ce que tu imagines là .. le plus dur est fait .. je sais ce que tu penses , bizarrement, mais tu te trompes ...

Cher Promeneur, mais que cela ne t'empêche pas d'aller au delà des trois points de suspension!
le promeneur a écrit:Ce secret douloureux que je garde au fond de moi a-t-il un lien avec mes frères?


Peu de cartes, toutes à l'endroit .. le total donnant la Justice
Alors pour te répondre un lien avec tes frères non je ne pense pas ...
C'est ce que je me suis dit une fois le tirage fait. Reste que je rêve très souvent de mon frère ainé. Nous avons été jusqu'au départ du foyer maternel, des ennemis sans merci. Très proches en âge (14 mois de différence), rien ne nous a rendus solidaires. Il était le préféré de ma mère; et je le jalousais vertement. J'étais la préférée de mon père, et il me jalousait vertement. Elle lui donnait toujours raison, et moi tort, si bien qu'il en profitait pour me refiler ses bêtises, et moi j'en profitais pour être plus mauvaise que je ne l'étais (puisque après tout le résultat était toujours le même).
Mon père, malgré toutes ses tares, est quelqu'un d'obsédé par une sorte de communisme éducatif, le juste partage (matériel, s'entend) au sein de la fratrie: il veillait toujours à nous donner la même quantité ou "valeur" à chacun d'entre nous, et ce, tout en nous laissant la possibilité de manifester nos préférences. Ce qui n'était pas le cas de ma mère: non seulement elle était plus généreuse envers ma sœur et mon frère aînés - parfois très cruellement- mais en plus elle m'imposait à moi ses goûts à elle - parfois très tyranniquement- et je devais récupérer ce que mes aînés ne voulaient plus (vêtements, jouets, etc.) alors qu'eux connaissaient les plaisirs renouvelés de la nouveauté.
le promeneur a écrit:Avec le Pape et le bateleur , on pourrait croire que votre père a toujours reconnu votre valeur .. qu'il a toujours veillé sur vous .. le pape parle de paix et de tranquilité .. et le bateleur de calme et de paix ..
Oui, très juste. Et j'ai beaucoup culpabilisé de cela. Il a toujours été soucieux de me récompenser de mon autonomie, de mes notes à l'école, du fait que je travaille pour gagner mon argent de poche. Très souvent il s'est mis en colère en voyant que mes aînés avaient le vélo, la console séga, puis le portable, puis le scooter qui m'étaient refusés ou alors que je devais négocier péniblement. Comme je n'avais pas le droit de l'aimer (je ne voulais pas prendre le risque de perdre ma mère), je mentais et m'indignais qu'il parla ainsi d'elle. Puis à 11-12 ans j'ai dû choisir; alors je ne l'ai plus revu. Mais pour mes "hautes études" il a recommencé de m'aider, sans tiquer, sans hésiter. C'est pourquoi cette reconnaissance m'est insupportable.
Elle ne peut que passer sous forme d'argent ou de matériel, faute de quoi ma mère le vivrait comme une trahison (et effectivement, cette vérité a éclaté au grand jour il y a trois ans, mais c'est une histoire compliquée et bien lamentable). D'où encore ma question précédente: à savoir si mes troubles alimentaires venaient aussi de cela. L'argent (mon père) et la nourriture (ma mère qui me laissait des après midi entières punie devant mon assiette ou alors forçait jusqu'à la dernière bouchée de manger ce que je n'aimais pas - viande, notamment) sont les seuls substituts d'affection qui m'ont été permis.
Encore une fois, pardonnez-moi de divaguer.
Le reste de ta lecture Promeneur est encore hallucinamment juste.
le promeneur a écrit:Le bateleur dit qu'il faut choisir une façon d'agir, ce que tu as fait d'ailleurs .. c'est la conscience , comme si tu avais été la conscience de tes parents ..
le promeneur a écrit:Le bateleur n'a pas de passé, pas de futur mais c'est un moment présent .. toi avec tout ton potentiel entre ta mère et ton père et devant jongler constamment pour ne faire de peine à aucun des deux .. tu as pris place ni pour l'un , ni pour l'autre, mais entre les deux .. fidèle à toi même, ne voulant pas choisir
Oui et non. J'ai d'abord choisi ma mère dans la période qui va de 8 à 12. Dès lors j'ai symboliquement "tué" mon père (sur les fiches de renseignement je marquais "décédé" ou alors tirais un trait avec mépris). Mais la prise de conscience que jamais je ne pourrai ressembler à la fille que ma mère voulait; jamais je ne pourrai me couler dans le moule qu'elle m'avait préparé, usée de jouer un rôle, j'ai entamé à cet âge mon anorexique. Je ne voulais plus manger ses valeurs, et absorber son malaise (elle, au même moment entamait une dépression nerveuse sans précédents). Donc oui, j'ai fini par refuser de choisir entre l'un et l'autre. Et puis c'est au même moment que le professeur dont je parlais auparavant a joué son rôle salvateur, aidé de ma prof d'histoire. J'ai trouvé en eux des parents idéaux; ils m'ont reconnue et m'ont même enjointe à exprimer celle que j'étais vraiment.
le promeneur a écrit:C'est la vérité cachée et le secret la lune .. le secret viendrait donc du côté de ta mère ?
le promeneur a écrit:Les tarots pourraient dire là, sans révéler le secret toujours, que vous avez vu ou su des choses qui ne vous regardaient pas ? Votre mère vous aurait confiée un secret à ne surtout pas dévoiler à votre père ? Peut être même avec des menaces ?
Je ne sais.
le promeneur a écrit:La force symboliserait bien ce secret gardé à l'intérieur de soi .. pour protéger sa mère contre son père, et protéger aussi son père du coup ..
le promeneur a écrit:la maison dieu : C'est l'ouverture et l'émergence de ce qui était enfermé .. le châtiment que tu t'es imposé peut être ? L'esprit ou les esprits , c'est vraiment aussi la notion de laisser éclater un secret .. sur la séparation .. révéler le secret ..
C'est comme si on résumait ces trois cartes à :
La gestation .. le travail .. et l'accouchement .. de ce secret ..
Mais comme ce secret tu as tellement voulu le garder pour toi, même les tarots ne le dévoilent pas , ils respectent ton choix..
J'espère que ca te parle et j'espère que tu vas bien ....
Oh que oui ça me parle. Ça a même provoqué une réminiscence et, s'il est vrai qu'il n'y a pas de coïncidences, tu vas voir que la question sur mes frères me mettait sur une piste. Je rêve très souvent de la maison de mon enfance. Vous parler ne serait-ce que ceux qui prennent pour cadre ma chambre (avec de notoires progressions), reviendrait à ne jamais aller me coucher (j'ai failli m'y atteler la dernière fois, puis de fil en aiguille, je vous ai raconté d'autres réminiscences). Pour en revenir à mes frères (mais surtout mon aîné): je fais ce rêve récurrent où je me trouve dans la salle de bain de cette maison (toujours très exactement restituée dans mes rêves) et il me désigne le bain.
Je tiens à vous dire que ce frère en question, désormais me voue presque un culte. Le départ nous a rapprochés, et notre relation est passée de la nuit au jour. Il est désormais très protecteur, soucieux, bienveillant.
Bref. M'est revenue cette scène où ma mère a dit à je ne sais plus qui des "amis" opportuns qui s'invitaient tous les deux soirs à l'apéro chez nous sur un ton plaisantin, faussement dédramatisé (c'est-à-dire avec une teinte de tension, de honte), devant moi : qu'elle a failli me tuer lorsque j'étais encore bébé. Elle a récidivé plusieurs fois avec cet aveu, comme si elle voulait s'en débarrasser. Un jour elle m'a dit que je pleurais tellement, qu'elle était tellement à bout de nerf, que c'est ainsi qu'elle a eu la tentation de me crever. Pas davantage de détails. J'ai systématiquement la même vision lorsqu'elle évoque ce fait: moi, bébé, dans le bain, toute violette.
L'eau, la noyade, etc sont par ailleurs très presents dans mes rêves. Peut être est-ce cela? Je sais que j'ai eu honte pour elle le jour où elle me l'a dit.
D'ailleurs, puisque ce monde semble vraiment tissé de correspondances: depuis bébé, lorsque je vais dans l'eau, ou tout simplement par temps froid, mais aussi en période d'angoisse: ma peau (surtout les mains) et mes lèvres deviennent violettes. Or ce problème diagnostiqué "maladie de Reynaud", a quasimment depuis deux ans que je m'éloigne physiquement et moralement de mon passé.
La suite arrive sous peu.